En 2030, on ira tous travailler à Metz!

Table Ronde sur l’aménagement du territoire dans la Grande Région

Espace Culturel Carré Rotondes

1, rue de l’Aciérie, Luxembourg-Hollerich

le 26.01.11

Participants:

  • Paul Emering, Chambre de Commerce
  • Blanche Weber, Mouvement Ecologique
  • Nico Clement, Onofhängege Gewerkschaftsbond Lëtzebuerg, OGB-L
  • Andrea Hartz, agl – Angewandte Geographie, Landschafts-, Stadt- und Raumplanung

Modération :

  • Mike Mathias, Gréng Stëftung

La transcription intégrale de la Table ronde peut été téléchargé : DebatAmenaglongde (en Allemand seulement).

1. Quelle tâche pour l’aménagement du territoire dans la Grande Région ?

Les quatre participants sont d’accords sur la fonction primordiale de l’aménagement du territoire au niveau de la Grande Région. Il s’agit de forger un développement économique, social et environnemental qui servira l’intérêt commun. Blanche Weber précise que l’aménagement du territoire serait en principe l’expression de ce que « nous imaginons être la bonne vie ». Pour elle, les critères du développement durable devraient être les points de référence pour toute question d’aménagement du territoire: « Comment définir le bien-être ? Par la croissance économique ou plutôt par la justice sociale ? » Et de conclure que l’on ne peut imaginer une planification durable sans la participation des citoyens. Pour Nico Clement, l’aménagement du territoire va bien au au-delà des seules questions politiques de distribution et de participation. Pour lui, ce sont les conflits idéologiques qui sont au cœur du problème. Débattre sur l’aménagement du territoire, c’est donc poser la question si « notre système économique interdit aux gouvernements d’intervenir. Ou est-ce suffisant que l’Etat agisse comme administrateur avec comme seule responsabilité celle de mettre le salariat à disposition des entreprises à des conditions favorables ? »

2. L’état des choses

L’appréciation de la situation actuel est en général plutôt négative. Paul Emering déplore le manque de volonté politique pour une planification transfrontalière qui puisse mener à des résultats substantiels, Andrea Hartz décrit la coopération comme chimère : « Tant que c’est pas compliqué, on s’engage vite, mais les sujets potentiellement conflictuels sont évités – comme l’interconnexion des structures et la réduction de structures doubles comme les aéroports et centres commerciaux. »

3. Structures décisionnelles

L’analyse des structures décisionnelles fait apparaître plusieurs déficits. Nico Clement cite comme problème majeur l’asymétrie de pouvoir entre les différentes parties de la Grande Région et les différentes marges de manœuvres qui en résultent. Selon lui, ce contexte bloque une coopération réellement solidaire. Andrea Hartz ajoute qu’à ce jour la coopération transfrontalière reste un domaine exclusif des acteurs publics : « Le secteur privé est la société civile ne sont impliqués que de manière marginale. Cela s’explique par le fait que la politique dans Grande Région revient très vite à une ‘petite politique extérieure’ sur laquelle les acteurs publics veulent garder le contrôle. »

4. Le Luxembourg dans la Grande Région

Ce point de débat fait apparaître des positions divergentes. Pour Andrea Hartz, la Sarre ne souffre pas de la forte croissance économique du Luxembourg. Mais elle pourrait au contraire en profiter davantage, si la coopération serait plus cohérente. Selon Mme Hartz, une première démarche importante serait de connecter les grandes villes : c’est surtout dans le domaine du transport public transfrontalier que le Luxembourg a négligé les besoins de ses voisins. Blanche Weber craint que le Luxembourg continuera de récolter les fruits de sa croissance sans les partager avec ses voisins. Selon elle, le Luxembourg s’oppose à utiliser l’aménagement du territoire pour instaurer une répartition plus équitable des plus-values économique – surtout parce qu’il cherche à maintenir son propre système social. Au delà de son impact social douteux, cette politique de compétitivité unilatérale ignorait les critères du développement durable en général. Paul Emering ne partage pas cette critique. Selon lui, chaque région est responsable d’assurer sa propre compétitivité. Or, il relativise sa position : les enjeux de la mondialisation pèsent beaucoup plus que la compétitivité entre les régions. Mais Emering reste pessimiste : « A moins qu’on s’accorde sur l’emplacement des futures zones d’activités sur l’ensemble de la Grande Région, la concurrence persistera ! »

5. Rêver de la Grande Région en 2030

Andrea Hartz rêve d’une Grande Région qui, grâce une stratégie commune d’aménagement du territoire durable, fonctionnerait comme « une Europe en miniature ». Dans l’idéal, cette stratégie serait renouée directement à la réalité quotidienne des citoyens : « l’échange culturel devra être vif, les grandes villes connectées par le transport public et les infrastructures des différentes parties de Grande Région complémentaires. »

Blanche Weber esquisse une vision d’une Grande Région durable qui ne serait pas exclusivement vouée à la croissance économique ; ce seraient les considérations sociales et de bien-être des citoyens qui détermineront l’aménagement du territoire. Parmi les caractéristiques plus importantes de cette Grande Région idéale elle nomme la redistribution de la richesse, la conservation des espaces naturels et une production autochtone d’énergie et de produits alimentaires maximale.

Nico Clement ajoute aux propos de Blanche Weber : « En premier lieu, il nous savoir quelle direction prendre. Les buts à atteindre peuvent être des choses assez simple : Un réseau de transport qui fonctionne, des structures et des compétences décisionnelles appropriées, une coopération des universités et l’absence de structures doubles au niveau économique. »

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