Grande Région, énormes savoirs?

L’enseignement transfrontalier en 2030

Mercredi, 6 avril 11

Une transcription intégrale du Transkription des Diskussion können sie hier herunterladen: DebatUniversitaetlongde

  • Mme Tina Schöpfer (Responsable au Ministère de l’Education de la Sarre pour les questions régionales et européennes)
  • M. Rolf Tarrach (Recteur de l’Université du Luxembourg)
  • Mme Lisa Harms (Etudiante en master transfrontalier)

Animation: Robert Garcia (président «Gréng Stëftung”)

Résumé du débat

Coopération et complémentarité : « L’Université de la Grande Région »

Le point de départ du débat était la question dans quelle mesure les universités de la Grande Région sont d’ores et déjà interconnectées. Plus concrètement la discussion se focalisait sur  le projet « Université de la Grande Région », lancé en 2008 qui vise à améliorer la mobilité des étudiants.

Pour commencer, Rolf Tarrach a rappelé les premiers résultats concrets du projet : « Il existe maintenant plusieurs programmes trinationaux de Bachelor et Master ».  Mais il ne faudrait pas confondre « l’Université de la Grande Région » avec une fusion des institutions : « La souveraineté reste auprès des universités respectives et les décisions sont surtout prises localement. » Pourtant il n’y aurait pas de concurrence interrégionale surtout parce que le projet servirait en premier lieu à augmenter l’attractivité de la Grande Région prise comme un ensemble vers l’extérieur. Rolf Tarrach souligne cet effort pour l’attraction d’étudiants étrangers : « Il est révélateur que le plan quadriannuel de l’Université du Luxembourg prévoit d’augmenter le nombre d’étudiants qui ne sont pas originaires de la Grande Région. Notamment nous allons concentrer nos efforts pour faire venir les étudiants de nos deux pays cibles, la Bulgarie et la Roumanie. »

Aujourd’hui, les études dans la Grande Région ne sont apparemment pas si « multiculturelles » que le concept le suggère. Partant de ses propres expériences, Lisa Harms a l’impression qu’une « Université de la Grande Région » n’est malheureusement pas encore visible sur les campus. Néanmoins ce projet serait une idée avec beaucoup de potentiel – surtout si on considère l’attrait énorme qu’ont les programmes binationaux classiques. Elle souligne encore que, d’un point de vue estudiantin, une complémentarité renforcée des universités de la Grande Région auraient des atouts concrets : Les étudiants de l’Université de Saarbrücken pourraient alors profiter de cours en sciences politiques dans d’autres universités de la Grande Région, qui ne sont offerts que très peu à Saarbrücken. Malheureusement cette pratique ne serait pas encore courante et actuellement pas si simple à organiser.

Préparer le terrain pour un échange culturel :  La formation scolaire dans la Grande Région

Si le rêve d’une « Université de la Grande Région » avec plus de mobilité est censé aboutir en 2030, il faudrait d’abord créer une base dans les écoles primaires et secondaires. Ainsi se pose la question du rôle de l’apprentissage des langues ainsi que de l’échange interculturel au niveau scolaire.

Pierre Lang fait tout d’abord référence aux programmes d’échange qui existent déjà au niveau des écoles, comme par exemple le projet « Comenius Regio » entre la Sarre et la Lorraine. Ce type de programme serait plutôt une exception à cause des budgets publics insuffisants. Or les compétences interculturelles et linguistiques seraient énormément importants pour les élèves. Il estime que les échanges transfrontaliers devraient figurer obligatoirement dans les curriculums des collégiens et lycéens. « Il faut absolument veiller à faire participer aussi les élèves qui ne vont pas à l’université après l’école. Jusqu’à présent c’est surtout eux qu’on a oublié dans les programmes d’échange. Mais pour eux comme pour des futurs étudiants à l’université, le multilinguisme et les compétences interculturelles sont très importants pour les perspectives professionnelles. » Pierre Lang ajoute que les élèves de la Grande Région devraient donc tous apprendre l’Anglais et avoir des compétences suffisantes dans les langues de leurs pays voisins.

Rêver du système éducatif de la Grande Région en 2030

Selon Lisa Harms, un scénario idéal serait qu’en 2030 les conditions de base pour une mobilité des étudiants de la Grande Région existeraient : « C’est à dire que des transports publics bon marché existent, par exemple selon le modèle allemand du ‘billet semestriel’. » L’étudiante espère aussi que les différentes cultures des universités devraient absolument être maintenues et ne pas être effacées par une fusion pur et simple des institutions existantes. Cela nuirait à l’attrait des études transfrontalières.

Pierre Lang espère que l’échange transfrontalier se démocratise jusqu’en 2030. Ceci impliquerait qu’une formation transfrontalière devrait être une évidence pour chaque élève et étudiant dans la Grande Région. En outre, il serait idéal que « la majeure partie des étudiants multilingues et équipés de compétences interculturelles ne quittent pas la Grande Région pour chercher du travail. S’ils ne transmettent pas leurs expériences sur place, cela freinerait le dynamisme qu’on veut engendrer par un système éducatif transfrontalier. »

Rolf Tarrach se montre moins optimiste. Selon lui, un élément difficile à prédire serait le rôle que le plurilinguisme occupera dans la Grande Région en 2030. Deux scénarios seraient concevables : « Si le trilinguisme disparaît en faveur de l’Anglais, le projet perd sa plus-value. Si nous pouvons le maintenir, ça devient en tout cas plus compliqué et plus cher. » De toute façon, un phénomène serait inévitable au futur : « les budgets publics pour l’éducation et la mobilité seront plus serrés ». La seule solution selon Monsieur Tarrach, serait qu’à l’avenir non pas l’état, mais les parents devraient investir davantage dans l’éducation de leurs enfants.

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