Le bonheur est dans le tout près?

Vers un développement polycentrique de la Grande Région ?

Table Ronde Economique Grande Région 26 mars avec Ministre Etienne Schneider et le Président Patrick Weiten

Lundi 26.03.12 à 18:30

Au Cercle Cité – AUDITORIUM CITÉ

Presserevue Disc Economie

Transcription du débat: DebatEconomielongfr

Participants:

  • Mme Mannes-Kieffer Elisabeth, Premier conseiller de gouvernement au Ministère de l’Economie du Luxembourg
  • M. Patrick Weiten, Président du Conseil Général de la Moselle
  • M. Luc Henzig, Administrateur chez PriceWaterhouseCoopers

Modération :

Carlo de Toffoli et Mike Mathias, Gréng Stëftung

La discussion

Selon nos invités, les différentes parties de la Grande-Région se trouvent dans une situation concurrentielle sur le plan économique, bien que des exemples de coopération spontanée et de concertation active existent. Néanmoins, celles-ci représentent des exceptions. De plus, bien que chaque région cherche ses propres niches économiques, une complémentarité économique n’existe pas pour l’instant. Ceci mène à des problèmes multiples pour la cohésion sociale et le dynamisme économique de la Grande-Région : différents niveaux de vie, déséquilibres entre offre et demande sur le marché de l’emploi, absence de synergies, etc.

Or, le déséquilibre n’est pas tel que le Luxembourg serait l’unique et seul moteur économique de la Grande-Région. Des projets comme celui de la « mégazone d’Illange » en Lorraine illustrent le polycentrisme vers lequel la Grande-Région pourrait se développer. Luc Henzig résume l’intérêt de ce développement du point de vue luxembourgeois : « Aujourd’hui il faut chercher la complémentarité. Il est important de comprendre que plus nos voisins investissent chez eux, mieux ce sera pour le Luxembourg ! Plus nos voisins seront riches, le mieux ce sera pour nos perspectives d’avenir ! Car nous ne savons pas comment l’économie luxembourgeoise va se développer. Si le Luxembourg s’essouffle en tant que moteur économique, il nous faudra un relais dans nos régions voisines. » Le président du Conseil général de la Moselle, Patrick Weiten, argumente de manière similaire : « Toute la Grande-Région profitera du projet sino-européen au niveau de la création d’emplois et des investissements dans les infrastructures de transport. » Environ 3000 emplois seront ainsi créés ensemble avec un réseau logistique considérable (au Luxembourg, Cargolux sera chargé du volet transport aérien).

Un autre sujet sensible concerne le futur de la sidérurgie dans la Grande-Région, qui, actuellement, se voit menacé par l’argument du manque de compétitivité sur un marché global. Selon nos invités, ce problème dépasse les compétences de la Grande-Région. Patrick Weiten estime que « pour le moment nous ne pouvons que réagir pour essayer de sauver ces emplois. Mais, en fait, il faudrait une coopération au niveau intergouvernemental et européen. » Or, faute de concertation au niveau européen, ce sont les stratégies nationales qui dominent:  « Nous aurons peut-être la chance de voir se réaliser le projet ULCOS en Lorraine qui consisterait à capter et stocker les émissions de gaz à effet de serre. […] La sidérurgie lorraine dépend d’ULCOS. » Elisabeth Mannes-Kieffer déplore qu’en Europe la priorité soit donnée à une politique climatique qui engendre des coûts supplémentaires pour la sidérurgie. En contrepartie il manquerait « une vraie politique industrielle au niveau de l’Union Européenne ». Et Luc Henzig d’ajouter :« Il faut se poser la question si la demande restera soutenue […] en Europe. La seule chance pour que la production puisse rester compétitive serait si les coûts de transport augmenteraient significativement et que l’importation de l’acier devienne très chère. »

Autre thème récurrent du débat : Le manque de « gouvernance », c’est-à-dire de concertation institutionnalisée sur le développement économique entre responsables politiques et administrations des différentes parties de la Grande-Région. Nos invités soulignent que des tentatives de coopération institutionnalisée (une volonté de « se parler » davantage, comme le formule dit Luc Henzig) existent, mais qu’il reste encore beaucoup à faire. Patrick Weiten explique : « Je crois qu’un des problèmes est le fait que la‘Grande-Région’ n’existe pas. Du moins, elle n’est pas reconnue en France. Bien qu’on laisse beaucoup d’autonomie aux régions, les relations bilatérales sont établies de gouvernement à gouvernement. […] alors que beaucoup des domaines où il faudrait travailler ensemble sont des domaines qui nous concernent en tant que région, département ou commune. » Or les choses seraient en train d’évoluer. Weiten cite l’exemple d’un projet de covoiturage de voitures électriques pour les déplacements entre grandes villes de la Grande-Région : « Le projet sera lancé en Moselle ; or il nous fautdra une masse critique d’au moins 300 000 participants. Ce projet ne serait donc pas possible sans la coopération du Luxembourg. J’ai rencontré le ministre du Transport Claude Wiseler qui est très intéressé par le projet et qui mettra en place une troisième voie sur l’autoroute A3 réservée au transports collectifs et au covoiturage. Et il y a des entreprises luxembourgeoises qui sont prêtes à s’engager dans ce sens. Voilà un exemple sur lequel nous avançons ! Et je suis convaincu qu’on trouvera aussi des accords sur les autres dossiers importants. »

Mannes-Kieffer estime qu’au niveau bilatéral ou trilatéral on arrive d’ores et déjà à résoudre beaucoup de problèmes : « Il ne faut donc pas être trop pessimiste. Il y a aussi des initiatives très concrètes qui se réalisent. La dernière qui a été mise en place est l’institutionnalisation de la commission intergouvernementale franco-luxembourgeoise […] Nous y essayons d’attaquer tous les problèmes qui se posent entre la Lorraine et le Luxembourg notamment en termes des frontaliers, de qualifications, de santé, de logistique etc. » Sans oublier le projet de région métropolitaine polycentrique concernant en premier lieu l’aménagement du territoire et les stratégies à long terme : « Une concertation est prévue ! On pèche peut-être par manque de communication vers l’extérieur, mais il y a plein de choses qui se font sur ce plan-là. »

Une conférence organisée par la Gréng Stëftung Lëtzebuerg avec le soutien de la Green European Foundation, subventionnée par le Parlement Européen.

Film documentaire: Inside Job

une analyse détaillée des mécanismes 
de l’effondrement du système financier

le lundi 6 février 2012 à 20.30

Cinémathèque de la Ville de Luxembourg

Place du Théâtre

Eclatée en 2008 avec les « subprimes » et continuant de faire ravage en Europe avec la crise des dettes souveraines et celle des banques, la deuxième grande crise financière après celle de 1929 est loin d’être résolue.
Des millions de personnes ont perdu leur emploi et/ou leur maison et pas uniquement aux Etats-Unis. 
Au travers d’enquêtes approfondies et d’entretiens avec des acteurs majeurs de la finance, des hommes politiques et des journalistes, le film retrace l’émergence d’une industrie scélérate et dévoile les relations nocives qui ont corrompu la politique, les autorités de régulation et le monde universitaire.

A l’issue de la projection une discussion se fera avec les représentants des organisateurs de la soirée.

104 min. version originale avec sous-titres français

Tickets : www.luxembourgticket.lu

organisé par la  Gréng Stëftung, etika et ATTAC Luxembourg avec l’appui de la Cinémathèque de la Ville de Luxembourg

Bande annonce, fiche complète du film et critiques de la presse français :

http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=180398.html

Extraits de presse :

  • Inside Job traces the history of the crisis and its implications with exceptional lucidity, rigor and righteous indignation. Washington Post
    By the end Mr. Ferguson has summoned the scourging moral force of a pulpit-shaking sermon. That he delivers it with rigor, restraint and good humor makes his case all the more devastating. New York Times
    The definitive screen investigation of the global economic crisis, providing hard evidence of flagrant amorality — and of a new nonfiction master at work. Variety
    Non seulement «Inside Job» offre une analyse détaillée des mécanismes qui ont conduit à l’effondrement du système financier international à l’automne 2008, mais il ajoute des informations, des pistes de réflexion qui étaient restées jusqu’ici à l’arrière-plan, ou tout simplement cachées. Le Monde
  • (…) Chef-d’oeuvre (…) d’efficacité. Libération
  • On suit «Inside Job» comme un thriller. Nerveux, vif. Vu l’aridité et la complexité du sujet, c’est une performance. Télérama

Conférence: La crise de l’Euro: Décryptage et remèdes

Les politiques européennes face à la crise des banques
et des dettes souveraines

avec Christian Chavagneux

Rédacteur en chef adjoint de la revue
Alternatives Economiques et auteur de Une brève histoire des crises financières – La Découverte (2011)

Mercredi, 1er février 2012 à 20.00

Claude Turmes à l’écoute de l’exposé brillant de Christian Chavagneux au Carré Rotondes.

Formation organisée par Gréng Stëftung en coopération et avec l’appui du député européen Claude Turmes du groupe des Verts/ALE

Destination inconnue?

Une image touristique de la Grande Région 2030

Mardi, 17.05.11

Une transcription intégrale du débat peut être téléchargé ici (en allemand seulement):
DiskussionTourismuslang

Participants:

  • Markus Tressel, Député pour la Sarre au Bundestag, porte-parole pour le tourisme de «Bündnis90-Die Grünen», Président de la Commission Tourisme
  • Jo Kox, Directeur administratif du Casino-Forum d’Art Contemporain, Coordonnateur des Musées de la Ville de Luxembourg
  • Georges Heiderscheid, Responsable à l’Office National du Tourisme ONT pour la Grande Région
  • André Simoncini, Galeriste et hotelier au Luxemburg

Modération :

  • Robert Garcia, président «Gréng Stëftung”

Traduction simultanée D-F par l’Agence Interculturelle de l’ ASTI

Le débat, version abrégée

1. Un concept de marketing pour la Grande Région?

Markus Tressel est convaincu qu’un concept de marketing touristique devrait se fonder sur un nom marquant les esprits. « Saar-Lor-Lux » ou « Grande Région » ne sont pas des étiquettes qui « provoquent des associations positives chez les voyageurs ». Mais bien au delà de la recherche d’un nom, il resterait beaucoup à faire pour améliorer la stratégie de marketing. Selon Tressel, ce défi n’a manifestement pas été pris au sérieux : « Bien que la Grande Région se trouve au cœur de l’Europe, nous n’avons toujours pas réussi à persuader les touristes de son attractivité. »

Puisque ses différentes parties sont trop diverses, la représentation de la Grande Région vers l’extérieur ne peut se fonder sur une image commune, pense Georges Heiderscheid. Le problème d’un concept marketing commun devrait donc se fonder sur les différents points d’intérêts pour les touristes et non sur l’espace géographie en soi : « Le client ne rêve pas de visiter la Rhénanie-Palatinat ou la Grande Région ! Il rêve de bonne cuisine, d’évènements culturels dans des villes intéressants ! Il rêve de ballades en vélo ou en famille, de la découverte de l’histoire… » Les offices du tourismes ont adopté cette idée dans leurs démarches : « Par exemple, on a développé un guide touristique avec les meilleurs  restaurants gastronomiques dans la Grande Région. Mais le nom de ‘Grande Région’ n’y figure pas parce qu’on pense qu’il n’est pas sexy. »

André Simoncini tient à ce que la question du concept de marketing soit posée autrement : « C’est le lien social dans la Grande Région qui doit être à sa base. » Selon lui, le développement économique, touristique et culturel devrait être le résultat de l’interaction entre les gens qui vivent dans la Grande Région. L’attractivité de la Région dépendrait surtout de l’authenticité et l’originalité de la vie culturelle, de la cohésion sociale et de la vivacité des villes et non pas d’un concept de marketing artificiel et abstrait.

2. La Grande Région – une destination culturelle ?

Jo Kox explique que la Grande Région comme destination culturelle intéresse en fait deux groupes distincts : Les gens venant de la Grande Région et ceux venant de plus loin. En ce qui concerne le deuxième type de visiteurs, Kox, déçu, constate que des « sondages menés par le Centre Pompidou à Metz ont montré que l’ouverture de cette nouvelle attraction dans la Grande Région n’a pas fait augmenter les nombres de visiteurs ni au Mudam au Luxembourg ni au Saarlandmuseum. » Ces sondages montrent aussi que la majorité des visiteurs du Centre Pompidou viennent de la Lorraine même. Les convaincre de visiter le Luxembourg serait une tâche dure, comme l’avait déjà montré l’année 2007 quand la Grande Région était « capitale européenne de la culture » : « Les activités de cette année étaient basées sur un concept commun, néanmoins les gens ont rarement quitté leur partie de la Grande Région. » Pour remédier à cette situation, les musées deviendront des « agences de voyages » à partir de l’année prochaine : « Pendant les week-ends ont va organiser des navettes pour amener nos visiteurs du Luxembourg à Metz et vice versa. »

3. Coopérer pour développer la Grande Région comme destination touristique

Markus Tressel critique le fait qu’il n’y ait toujours pas un concept de marketing sophistiqué et explique la raison : « C’est la conséquence d’une coopération déficiente entre les différentes parties de la Grande Région au niveau politique, administratif et financier. » Une stratégie touristique qui pourrait garantir une plus-value écologique, économique et sociale pour la Grande Région devrait être formulée, financée et réalisée ensemble. Pour cette fin il serait nécessaire d’adapter les structures du secteur touristique et de se présenter ensemble lors des foires internationales de tourisme.

Georges Heiderscheid confirme cette analyse partiellement. Mais il estime que les structures du secteur touristique seraient trop différentes et que plusieurs agences ou offices existent déjà depuis tellement longtemps qu’une adaptation rapide s’avérerait être difficile. Or cela n’empêcherait une coopération effective. Et il donne un exemple concret : L’Office National du Tourisme au Luxembourg et les agences de la Sarre et du Land de la Rhénanie-Palatinat ont réussi de formuler un concept de marketing commun pour la période 2009 à 2014 qui prévoit des projets de coopérations bien définis.

Jo Kox a fait des expériences similaires dans le domaine des institutions culturelles qui ont, elles aussi, des difficultés à s’adapter et à coopérer. Il donne un exemple :  « On voulait introduire un billet d’entrée commun au prix unique de dix euros dans le cadre du projet ‘Mono’ auquel participeront l’année prochaine seize institutions de la Grande Région. » Mais il a fallu abandonner cette initiative, car plusieurs institutions s’y opposaient – non pas à cause de l’idée en soi, mais « parce que les Français ne sont pas prêts à donner trois sous aux Luxembourgeois et vice versa. C’est regrettable ! »

4. Tourisme dans la Grande Région – une question de politique de transport ?

Markus Tressel est convaincu que le manque de coopération dans la Grande Région se manifeste le plus visiblement dans l’état des transports publics qui ne connecte toujours pas les différentes parties de la Région. Il faudrait développer les réseaux de transport public de manière sérieuse afin de permettre aux touristes de venir dans la Grande Région sans voitures et de s’y déplacer aisément. Ceci devrait être accompagné de l’introduction d’un billet de transport unique permettant de voyager partout dans la Grande Région. Pour Tressel il est incompréhensible qu’on n’essaie pas par exemple d’encourager les nombreux visiteurs de l’exposition sur les Celtes dans la « Völklinger Hütte » dans la Sarre de visiter d’autres parties de la Grande Région en leur fournissant un billet de transport bon marché pour toute la région.

Georges Heiderscheid fait remarquer que cette idée a déjà été réalisée avec la « Luxembourg Card » qui inclut 55 billets d’entrée à différents châteaux et musées au Luxembourg et est aussi un titre de transport valable pour tous les transports public dans le pays entier. Il ajoute qu’un tel « passeport » existe également en Lorraine, en Rhénanie-Palatinat et dans la Sarre. Bien sûr, ce serait « fantastique si, en 2030, on aurait un passeport touristique pour la Grande Région entière. Mais aujourd’hui cela reste difficile à réaliser. » Georges Heiderscheid regrette que le même problème se pose pour les cyclistes qui veulent découvrir la Grande Région : « Il n’y pratiquement pas d’offres pour les excursions en vélo ni de matériel pour s’informer des routes ».

5. Rêver de la Grande Région en 2030

Markus Tressel formule sa vision « d’un point de vue vert » : Il espère que le développement du secteur touristique renforce les circuits économique régionaux. A ses yeux, cela signifie que le tourisme apporterait une plus-value économique, écologique et sociale. Le cas idéal serait qu’en 2030 « il y aura une et non pas six organisations touristiques dans la Grande Région. De toute façon, une fois que l’idée des frontières nationales aura disparue partout en Europe les gens dans la Grande Région ne se sentiront plus comme Luxembourgeois ou Sarrois mais comme citoyen d’une région européenne formidable. »

André Simoncini peut s’imaginer qu’en 2030, la Grande Région disposera de structures décisionnelles communes et que les habitants se sentiront alors comme membres d’une même société. Or, il espère que les différentes parties de la Grande Région insisteront sur le maintien de leurs spécificités. Simoncini voit dans cette « diversité la clé pour la cohésion et l’attractivité de la Grande Région ».

Georges Heiderscheid a un rêve plus « touristique » : « J’espère qu’en 2030 nous serons capables de vraiment satisfaire les différents besoins de nos visiteurs, peu importe s’ils souhaitent faire des randonnées dans la nature, ou découvrir la gastronomie ou la culture. »  Il espère aussi qu’en 2030 on ait réussi à convaincre les habitants de la Grande Région d’y faire leurs voyages : « Ceci permettra aux gens de vraiment découvrir les différents coins de la Grande Région et de faire connaissance avec ses habitants. »

Jo Kox adopte le rôle du pessimiste. Il s’attend à un abîme grandissant entre politiciens et citoyens dans la Grande Région. Il est convaincu que les gens aimeraient bien faire vivre la Grande Région au quotidien ; « nous aimerions tous pouvoir prendre le bus ou le train pour découvrir notre région ». Mais les décideurs politiques – surtout ceux au Luxembourg – auraient des difficultés à « en finir avec nos privilèges sur cette île et à commencer à partager la richesse qui est le fruit d’un effort commun ». Ce problème persisterait probablement aussi longtemps que les frontaliers n’auront pas le droit de vote. Le projet « Grande Région » échouerait probablement à cause d’une politique qui promet beaucoup, mais ne fait rien. Kox conclue que jusqu’en 2030 « les murs aux frontières nationales seront agrandis au lieu d’être démolis. »

Chernobyl 4 ever

Documentaire de Alain de Halleux

vendredi à 20.30 heures à la Cinémathèque,
1 place du Théâtre à Luxembourg-Ville
.

La projection sera suivie d’un débat avec le réalisateur.

Le documentaire, très remarqué, sera montré en première à Luxembourg. Il analyse comment la jeunesse ukrainienne perçoit l’histoire de Tchernobyl et s’interroge sur la mémoire de la catastrophe et son avenir.

Le film:

« L’homme a la mémoire courte mais l’atome, lui, a la vie longue. » D’images d’archives en images de synthèse, s’appuyant sur les témoignages croisés des enfants de Tchernobyl – qui ont l’âge de la catastrophe – et de leurs aînés, le réalisateur s’interroge sur la chape de silence qui semble s’être imposée en Ukraine en un quart de siècle. L’ancienne république soviétique porte pourtant, aujourd’hui encore, les stigmates de l’accident. Depuis 1991, la population aurait diminué de sept millions de personnes et une large proportion des enfants serait atteinte de maladies chroniques. À la centrale, un projet pharaonique de confinement, dont le coût est estimé à 1,5 milliard d’euros, est en cours. Conçu pour recouvrir le sarcophage – aujourd’hui abîmé – édifié par les Soviétiques autour du réacteur endommagé, ce nouveau dôme pourrait endetter le pays pour de longues années. Mais alors que les travaux avancent, le site continue à attirer de nombreux visiteurs.  Certains jeunes ukrainiens délaissent leur terrain de jeu virtuel et découvrent les véritables vestiges de la centrale. Le regard figé par l’émotion, ils se questionnent sur leur avenir.

Le réalisateur:

Alain de Halleux est né en 1957, il est diplômé en Sciences chimiques (nucléaire) de l’UCL, Université catholique de Louvain (Belgique), et en réalisation de film à l’INSAS à Bruxelles. Il a reçu le prix de la vocation en 1983 pour ses travaux photographiques pendant la guerre en Afghanistan. De 1987 à 2005, il a conçu et réalisé de nombreux spots publicitaires, films industriels, BA et clips. En 2009, il a réalisé R.A.S. nucléaire – rien à signaler, un documentaire édifiant sur les conditions de travail des ouvriers du nucléaire, qui dresse un tableau inquiétant de la sécurité des centrales nucléaires en France et en Europe.

http://www.rtbf.be/video/v_chernobyl-forever?id=866833

Grande Région, énormes savoirs?

L’enseignement transfrontalier en 2030

Mercredi, 6 avril 11

Une transcription intégrale du Transkription des Diskussion können sie hier herunterladen: DebatUniversitaetlongde

  • Mme Tina Schöpfer (Responsable au Ministère de l’Education de la Sarre pour les questions régionales et européennes)
  • M. Rolf Tarrach (Recteur de l’Université du Luxembourg)
  • Mme Lisa Harms (Etudiante en master transfrontalier)

Animation: Robert Garcia (président «Gréng Stëftung”)

Résumé du débat

Coopération et complémentarité : « L’Université de la Grande Région »

Le point de départ du débat était la question dans quelle mesure les universités de la Grande Région sont d’ores et déjà interconnectées. Plus concrètement la discussion se focalisait sur  le projet « Université de la Grande Région », lancé en 2008 qui vise à améliorer la mobilité des étudiants.

Pour commencer, Rolf Tarrach a rappelé les premiers résultats concrets du projet : « Il existe maintenant plusieurs programmes trinationaux de Bachelor et Master ».  Mais il ne faudrait pas confondre « l’Université de la Grande Région » avec une fusion des institutions : « La souveraineté reste auprès des universités respectives et les décisions sont surtout prises localement. » Pourtant il n’y aurait pas de concurrence interrégionale surtout parce que le projet servirait en premier lieu à augmenter l’attractivité de la Grande Région prise comme un ensemble vers l’extérieur. Rolf Tarrach souligne cet effort pour l’attraction d’étudiants étrangers : « Il est révélateur que le plan quadriannuel de l’Université du Luxembourg prévoit d’augmenter le nombre d’étudiants qui ne sont pas originaires de la Grande Région. Notamment nous allons concentrer nos efforts pour faire venir les étudiants de nos deux pays cibles, la Bulgarie et la Roumanie. »

Aujourd’hui, les études dans la Grande Région ne sont apparemment pas si « multiculturelles » que le concept le suggère. Partant de ses propres expériences, Lisa Harms a l’impression qu’une « Université de la Grande Région » n’est malheureusement pas encore visible sur les campus. Néanmoins ce projet serait une idée avec beaucoup de potentiel – surtout si on considère l’attrait énorme qu’ont les programmes binationaux classiques. Elle souligne encore que, d’un point de vue estudiantin, une complémentarité renforcée des universités de la Grande Région auraient des atouts concrets : Les étudiants de l’Université de Saarbrücken pourraient alors profiter de cours en sciences politiques dans d’autres universités de la Grande Région, qui ne sont offerts que très peu à Saarbrücken. Malheureusement cette pratique ne serait pas encore courante et actuellement pas si simple à organiser.

Préparer le terrain pour un échange culturel :  La formation scolaire dans la Grande Région

Si le rêve d’une « Université de la Grande Région » avec plus de mobilité est censé aboutir en 2030, il faudrait d’abord créer une base dans les écoles primaires et secondaires. Ainsi se pose la question du rôle de l’apprentissage des langues ainsi que de l’échange interculturel au niveau scolaire.

Pierre Lang fait tout d’abord référence aux programmes d’échange qui existent déjà au niveau des écoles, comme par exemple le projet « Comenius Regio » entre la Sarre et la Lorraine. Ce type de programme serait plutôt une exception à cause des budgets publics insuffisants. Or les compétences interculturelles et linguistiques seraient énormément importants pour les élèves. Il estime que les échanges transfrontaliers devraient figurer obligatoirement dans les curriculums des collégiens et lycéens. « Il faut absolument veiller à faire participer aussi les élèves qui ne vont pas à l’université après l’école. Jusqu’à présent c’est surtout eux qu’on a oublié dans les programmes d’échange. Mais pour eux comme pour des futurs étudiants à l’université, le multilinguisme et les compétences interculturelles sont très importants pour les perspectives professionnelles. » Pierre Lang ajoute que les élèves de la Grande Région devraient donc tous apprendre l’Anglais et avoir des compétences suffisantes dans les langues de leurs pays voisins.

Rêver du système éducatif de la Grande Région en 2030

Selon Lisa Harms, un scénario idéal serait qu’en 2030 les conditions de base pour une mobilité des étudiants de la Grande Région existeraient : « C’est à dire que des transports publics bon marché existent, par exemple selon le modèle allemand du ‘billet semestriel’. » L’étudiante espère aussi que les différentes cultures des universités devraient absolument être maintenues et ne pas être effacées par une fusion pur et simple des institutions existantes. Cela nuirait à l’attrait des études transfrontalières.

Pierre Lang espère que l’échange transfrontalier se démocratise jusqu’en 2030. Ceci impliquerait qu’une formation transfrontalière devrait être une évidence pour chaque élève et étudiant dans la Grande Région. En outre, il serait idéal que « la majeure partie des étudiants multilingues et équipés de compétences interculturelles ne quittent pas la Grande Région pour chercher du travail. S’ils ne transmettent pas leurs expériences sur place, cela freinerait le dynamisme qu’on veut engendrer par un système éducatif transfrontalier. »

Rolf Tarrach se montre moins optimiste. Selon lui, un élément difficile à prédire serait le rôle que le plurilinguisme occupera dans la Grande Région en 2030. Deux scénarios seraient concevables : « Si le trilinguisme disparaît en faveur de l’Anglais, le projet perd sa plus-value. Si nous pouvons le maintenir, ça devient en tout cas plus compliqué et plus cher. » De toute façon, un phénomène serait inévitable au futur : « les budgets publics pour l’éducation et la mobilité seront plus serrés ». La seule solution selon Monsieur Tarrach, serait qu’à l’avenir non pas l’état, mais les parents devraient investir davantage dans l’éducation de leurs enfants.

En 2030, on ira tous travailler à Metz!

Table Ronde sur l’aménagement du territoire dans la Grande Région

Espace Culturel Carré Rotondes

1, rue de l’Aciérie, Luxembourg-Hollerich

le 26.01.11

Participants:

  • Paul Emering, Chambre de Commerce
  • Blanche Weber, Mouvement Ecologique
  • Nico Clement, Onofhängege Gewerkschaftsbond Lëtzebuerg, OGB-L
  • Andrea Hartz, agl – Angewandte Geographie, Landschafts-, Stadt- und Raumplanung

Modération :

  • Mike Mathias, Gréng Stëftung

La transcription intégrale de la Table ronde peut été téléchargé : DebatAmenaglongde (en Allemand seulement).

1. Quelle tâche pour l’aménagement du territoire dans la Grande Région ?

Les quatre participants sont d’accords sur la fonction primordiale de l’aménagement du territoire au niveau de la Grande Région. Il s’agit de forger un développement économique, social et environnemental qui servira l’intérêt commun. Blanche Weber précise que l’aménagement du territoire serait en principe l’expression de ce que « nous imaginons être la bonne vie ». Pour elle, les critères du développement durable devraient être les points de référence pour toute question d’aménagement du territoire: « Comment définir le bien-être ? Par la croissance économique ou plutôt par la justice sociale ? » Et de conclure que l’on ne peut imaginer une planification durable sans la participation des citoyens. Pour Nico Clement, l’aménagement du territoire va bien au au-delà des seules questions politiques de distribution et de participation. Pour lui, ce sont les conflits idéologiques qui sont au cœur du problème. Débattre sur l’aménagement du territoire, c’est donc poser la question si « notre système économique interdit aux gouvernements d’intervenir. Ou est-ce suffisant que l’Etat agisse comme administrateur avec comme seule responsabilité celle de mettre le salariat à disposition des entreprises à des conditions favorables ? »

2. L’état des choses

L’appréciation de la situation actuel est en général plutôt négative. Paul Emering déplore le manque de volonté politique pour une planification transfrontalière qui puisse mener à des résultats substantiels, Andrea Hartz décrit la coopération comme chimère : « Tant que c’est pas compliqué, on s’engage vite, mais les sujets potentiellement conflictuels sont évités – comme l’interconnexion des structures et la réduction de structures doubles comme les aéroports et centres commerciaux. »

3. Structures décisionnelles

L’analyse des structures décisionnelles fait apparaître plusieurs déficits. Nico Clement cite comme problème majeur l’asymétrie de pouvoir entre les différentes parties de la Grande Région et les différentes marges de manœuvres qui en résultent. Selon lui, ce contexte bloque une coopération réellement solidaire. Andrea Hartz ajoute qu’à ce jour la coopération transfrontalière reste un domaine exclusif des acteurs publics : « Le secteur privé est la société civile ne sont impliqués que de manière marginale. Cela s’explique par le fait que la politique dans Grande Région revient très vite à une ‘petite politique extérieure’ sur laquelle les acteurs publics veulent garder le contrôle. »

4. Le Luxembourg dans la Grande Région

Ce point de débat fait apparaître des positions divergentes. Pour Andrea Hartz, la Sarre ne souffre pas de la forte croissance économique du Luxembourg. Mais elle pourrait au contraire en profiter davantage, si la coopération serait plus cohérente. Selon Mme Hartz, une première démarche importante serait de connecter les grandes villes : c’est surtout dans le domaine du transport public transfrontalier que le Luxembourg a négligé les besoins de ses voisins. Blanche Weber craint que le Luxembourg continuera de récolter les fruits de sa croissance sans les partager avec ses voisins. Selon elle, le Luxembourg s’oppose à utiliser l’aménagement du territoire pour instaurer une répartition plus équitable des plus-values économique – surtout parce qu’il cherche à maintenir son propre système social. Au delà de son impact social douteux, cette politique de compétitivité unilatérale ignorait les critères du développement durable en général. Paul Emering ne partage pas cette critique. Selon lui, chaque région est responsable d’assurer sa propre compétitivité. Or, il relativise sa position : les enjeux de la mondialisation pèsent beaucoup plus que la compétitivité entre les régions. Mais Emering reste pessimiste : « A moins qu’on s’accorde sur l’emplacement des futures zones d’activités sur l’ensemble de la Grande Région, la concurrence persistera ! »

5. Rêver de la Grande Région en 2030

Andrea Hartz rêve d’une Grande Région qui, grâce une stratégie commune d’aménagement du territoire durable, fonctionnerait comme « une Europe en miniature ». Dans l’idéal, cette stratégie serait renouée directement à la réalité quotidienne des citoyens : « l’échange culturel devra être vif, les grandes villes connectées par le transport public et les infrastructures des différentes parties de Grande Région complémentaires. »

Blanche Weber esquisse une vision d’une Grande Région durable qui ne serait pas exclusivement vouée à la croissance économique ; ce seraient les considérations sociales et de bien-être des citoyens qui détermineront l’aménagement du territoire. Parmi les caractéristiques plus importantes de cette Grande Région idéale elle nomme la redistribution de la richesse, la conservation des espaces naturels et une production autochtone d’énergie et de produits alimentaires maximale.

Nico Clement ajoute aux propos de Blanche Weber : « En premier lieu, il nous savoir quelle direction prendre. Les buts à atteindre peuvent être des choses assez simple : Un réseau de transport qui fonctionne, des structures et des compétences décisionnelles appropriées, une coopération des universités et l’absence de structures doubles au niveau économique. »

De l’eldorado à la pompe au paradis du renouvelable ?

Une politique de l’énergie durable dans la Grande Région

Table Ronde

Mercredi, 20.10.10 à 18:30

Participants:

  • Tom Eischen, Ministère de l’Economie et du Commerce Extérieur – Luxembourg
  • Dr. Dieter Ewringmann, Université de Cologne
  • Nicola Saccà, Conseiller au Ministère de l’Environnement, de l’Energie et des Transports de la Sarre
  • Martina Holbach, Greenpeace Luxembourg
  • Claude Turmes, député européen

Modération :

Robert Garcia, Président “Gréng Stëftung”

La transcription intégrale de la table Ronde est disponible sous ce lien: Transcription Energie  (uniquement en allemand)

1. Rêver de la Grande Région en 2030

Pour l’Europe en général, Martina Holbach peut s’imaginer que les énergies renouvelables pourraient suffire à satisfaire la demande aussi bien des ménages privés que de l’industrie. Cependant, faire un pronostic précis pour le Luxembourg et la Grande Région ressemblerait à une lecture dans le marc de café, parce qu’un débat en profondeur sur les scénarios souhaitables n’a tout simplement pas encore eu lieu. D’ailleurs les incertitudes sont énormes, surtout parce que l’évolution de la demande en énergie dépendra fortement du développement de l’industrie et de futures décisions politiques concernant l’exportation de carburant.

Claude Turmes estime que vers 2030 les énergies renouvelables pourront couvrir jusqu’à 65 pour cent de la consommation d’électricité. Par conséquent, les centrales nucléaires et à charbon pourront être fermé. La seule énergie non-renouvelable qui restera indispensable sera le gaz. Le député européen est convaincu que, dans 20 ans, tous les véhicules seront électroniques et les bâtiments ne seront plus chauffés avec de l’énergie fossile.

L’enthousiasme du député européen n’est pas partagé par Dieter Ewringmann. D’après lui, même si, d’un point de vue technologique, de tels changements seraient à portée de main, ces changements dépassent les disponibilités existant au sein de la société. Ainsi, l’adaptation aux bouleversements dans l’infrastructure énergétique sera beaucoup plus lente que la plupart des études le promettent.

Tom Eischen souligne que l’énergie consommée au Luxembourg est à 99 pour cent importée. Il ajoute qu’il ne s’attend pas à ce que cette dépendance pourra être réduite de manière significative par une production d’énergie croissante dans la Grande Région : « En 2030, la région entière dépendra toujours des importations d’énergie. Et je suis convaincu que la part des renouvelables produite ici ne pourra pas atteindre plus que quatre ou huit pour cent de la de demande en 2020. »

Nicola Saccà s’attend à ce qu’en 2030, la moitié de la demande en électricité dans la Grande Région provienne des renouvelables. La présence d’un secteur industriel à haute consommation d’énergie ferait probablement que ce taux soit légèrement plus bas que la moyenne allemande et européenne.

2. Le « modèle luxembourgeois » va-t-il survivre au tournant énergétique ?

Tom Eischen résume le problème dans une formule très courte : « Quand l’économie enregistre une croissance, la population et la demande d’énergie en font de même. La solution primaire serait donc d’accroître l’efficacité de la consommation d’énergie. Mais bien que, du point de vue de la politique de l’énergie, pousser sur le facteur de l’efficacité soit une stratégie souhaitable cela ne signifie pas que l’on puisse ignorer les aspects économiques ou sociaux. Un tournant dans le domaine de l’énergie est un processus qui s’inscrit dans la longue durée si on veut qu’il soit porté par la société. »

Dieter Ewringmann considère la chance que la corrélation entre croissance économique et augmentation de la demande d’énergie puisse être défaite comme improbable, du moins à moyen terme. De même, la part des renouvelables n’accroîtra probablement pas suffisamment pour mettre le Luxembourg sur une trajectoire de développement durable. Comme cause principale Ewringmann cite le manque de volonté d’arrêter l’exportation de carburant.

Martina Holbach n’est pas d’accord avec cette analyse et lance un appel à la politique afin qu’elle montre plus de courage et de prévoyance : « les prix pour l’énergie fossile va augmenter rapidement, et cela posera un énorme défi pour le système économique entier. »

3. La coopération dans la Grande Région – une solution pour les défis actuels ?

Pour Martina Holbach, il est clair que la coopération dans la Grande Région présente des avantages. Surtout si on laisse la marge de manœuvre nécessaire pour s’engager dans des coopérations intercommunales au niveau de la Grande-Région. « Partout en Europe, on peut observer que les communes sont les précurseurs dans la politique d’énergie et s’engagent à devenir autarciques en approvisionnement d’ici 2020 ou 2030. »

Nicola Saccà peut s’imaginer des opportunités de coopération surtout pour des projets spécifiques : « Dans le domaine du biogaz il y a déjà eu un échange avec le Luxembourg et la Sarre en profitera à l’avenir. »

Claude Turmes constate que la coopération au niveau de la politique économique dans la Grande Région reste difficile aujourd’hui. Il y oppose sa vision de la Grande Région comme « Green Center of Excellence »,  qui pourrait comprendre six domaines de coopération : bâtiment de basse consommation, l’ingénierie des façades, l’optimisation des procès de production, l’électromobilité en combinaison avec le car-sharing, la recherche dans la sociologie et la psychologie des comportements durables et le produits financiers « verts » .

Dieter Ewringmann objecte que les projets énumérés par Claude Turmes nécessiteraient un saut quantique dans la coopération dans la Grande-Région. Or, en Allemagne, on aurait fait l’expérience que la coopération interrégionale serait en fin de compte une mise en concurrence entre sites de production et ne se ferait pas, si les projets ne prévoyaient une planification commune ou/et une péréquation financière.

Tom Eischen cite le projet Enovos comme exemple pour la faisabilité de la coopération entrepreneuriale dans la Grande Région. Mais son travail au ministère le mène à l’observation que « la coopération au niveau de la politique de l’énergie ne réussit pas si facilement, surtout lorsqu’il s’agit d’harmoniser des lois ou des réglementations. »

Une conférence organisée par la Green European Foundation avec le soutien de la Gréng Stëftung Lëtzebuerg, subventionnée par le Parlement Européen.

Table Ronde: „Grande Région sur voie étroite“

2030, les frontaliers voués aux embouteillages ?

Une table ronde organisée par la Green European Foundation avec le soutien de la Gréng Stëftung Lëtzebuerg, subventionée par le Parlement Européen (Luxembourg, le 5 Octobre 2010)

Participants:

  • Claude Wiseler, Ministre de la Mobilité Luxemburg
  • François Bausch, Echevin à la Mobilité LuxCity
  • Prof. Heiner Monheim, chercheur mobilité à l’université de Trèves
  • Guy Harau, délégué à la mobilité transfrontalière du Conseil Régional de Lorraine (Les Verts/Europe Ecologie)
  • Daniel Béguin, vice-président du Conseil Régional de Lorraine (Les Verts/Europe Ecologie)
  • Xavier Georges, Conseiller du Ministre wallon au sein de la Cellule Mobilité
  • Ekkehart Schmidt-Fink, usager des transports publics transfrontaliers

Modération : Richard Graf, journaliste WOXX

Veuillez trouver la transcription complète ici: Grande Région sur voie étroite

- RÉSUMÉ -

1. Contexte européen

Heiner Monheim explique l’absence de progrès par un conflit au niveau de la politique des transports au niveau européen. Celle-ci se concentrerait trop sur la construction de réseaux transeuropéens (que ce soient des autoroutes ou des voies ferroviaires), et délaisserait les réseaux régionaux (les Euregios). « Or, les Euroregios ont un rôle énorme à jouer : 80 pour cent de la mobilité transfrontalière des personnes et des marchandises se fait sur des courtes distances.

Daniel Béguin partage ce point de vue : les discussions au niveau supranational empêchent un certain nombre d’avancées au niveau régional. Ainsi, le Conseil Régional de Lorraine participe aux planifications de la fameuse magistrale jusqu’à Budapest par le biais du TGV Est. Or cette participation réduit les moyens que la Lorraine a à sa disposition pour financer ses politiques interrégionales et de relations avec les régions voisines.

2. La voiture dans la Grande-Région et au Luxembourg

Tous les participants de la table ronde étaient d’accord sur le point fait par le ministre du développement durable : « Le grand problème est celui des heures de pointe. Nos transports en commun n’ont tout simplement pas les capacités nécessaires. »

Daniel Béguin ajoute : « Il ne faut pas se faire d’illusions. On ne saura mettre dans un court délai d’une heure et demie le matin et le soir 150 000 personnes dans les trains. Ni une optimisation du cadencement, ni une meilleure qualité du matériel nous le permettront. Ce qui le permettrait serait une nouvelle infrastructure ferroviaire, mais celle-ci nécessiterait des négociations entre grandes collectivités territoriales ; or, vu le coût que cela représente, ces discussions ne sont pas à l’ordre du jour. En 2030 il y aura encore un grand nombre de Lorrains qui seront obligés de prendre la voiture. »

Afin de surmonter cette perception de la voiture comme un problème et plutôt en faire le point de départ pour de nouvelles solutions, plusieurs idées sont avancées : C’est clair que la solution se trouve dans le transport public. Mais à côté de cela, toutes sortes d’outils nous permettent de développer le covoiturage au le car-sharing.

Xavier Georges explique pourquoi cette double stratégie semble nécessaire et se réfère à la situation en Belgique : « Le taux de remplissage des voitures évolue défavorablement : de plus en plus de voitures transportent de moins en moins de personnes! La diminution est à peu près équivalente à l’augmentation de ceux qui prennent le train. »

Heiner Mohnheim n’est pas d’accord. Un changement dans notre manière de nous déplacer devrait être la seule priorité : « Par rapport au modèle frustrant du tout-automobile – servant comme modèle de motorisation de masse surtout à l’exécution de valeurs d’économie politique voués à l’inefficacité. » Enfin, il faut repenser les priorités politiques : « La construction de routes a le vent dans le dos et est extrêmement professionnalisée. Par contre, lorsqu’il s’agit de constructions de réseaux ferroviaires on fait la fine bouche et, en plus, on planifie comme des amateurs, au point que la plupart des projets ne sont jamais réalisés.

Ekkehart Schmidt-Fink pense que pour motiver plus de frontaliers à utiliser les transports en commun il ne suffirait pas de se contenter d’améliorer les infrastructures : « Je pense qu’il serait important de commencer à réfléchir sur la demande. Il faut réfléchir sur le raisonnement et le ressenti des frontaliers qui se rendent à leur travail en voiture. Ce qui manque, c’est une stratégie de communication qui ferait voler en éclats l’idée fausse qu’ont les gens que l’on ne saurait se déplacer de manière flexible autrement qu’en voiture individuelle. Ils sont nombreux à ne pas savoir prendre du recul par rapport à leur voiture, parce qu’ils la voient comme symbole de statut. Ce facteur est sous-estimé dans les débats autour de la mobilité. »

3. Le Luxembourg comme nœud

François Bausch veut augmenter la part des transports en commun dans la capitale à au moins 40 pour cent en 2030. Aujourd’hui elle est de 27 pour cent. Pour avancer, il faudrait miser sur six points : « L’infrastructure, l’amélioration de l’offre (cadence, etc.), l’intermodalité (c.à.d. l’ajustement entre les différents moyens de transports), le car-sharing (pour lequel un projet sera bientôt réalisé dans la ville de Luxembourg), l’harmonisation de la tarification dans la Grande-Région, l’aménagement du territoire et la gestion des parkings. »

Pour Heiner Mohnheim le Luxembourg a toujours constitué un cas intéressant quoique tragique, parce que plusieurs bons projets (comme le tram) n’ont pas été réalisés. Cependant le vel’oh serait un bon exemple du fait « qu’il nous faudra réviser notre manière de penser, et le vis de réglage en est le système de parking. Avec une organisation positive de l’espace public on sort de la politique de la carotte ou du bâton. »

Claude Wiseler ajoute que le ministère « est en train de planifier des couloirs d’autobus pour les neuf axes d’entrée dans la ville de Luxembourg. Et avec le Syvicol on va présenter un système de ‘Parkraummanagement’ pour le pays entier. »